L’athlé freinée par le manque d'infrastructures

Athlétisme
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La moutarde commence à sérieusement monter au nez de la nouvelle équipe de direction de la Ligue Guadeloupéenne d’Athlétisme menée par Ernest Daninthe. Elle ne comprend pourquoi elle doit annuler des compétitions alors que d’autres disciplines ne semblent de pas vivre les rigueurs de la crise sanitaire.

Quand il déborde au-dessus de ses lunettes, le regard d’Ernest Daninthe, le nouveau président de la Ligue Guadeloupéenne d’Athlétisme (LGA), est très critique. L’homme n’a pas manqué de noter ce qu’il considère comme des anomalies, dans la manière dont les infrastructures étaient réparties entre les différentes ligues qui arrivent encore à maintenir des compétitions durant l’épidémie.

Alors que des disciplines comme le football ont continué (jusqu’au 27 avril) à tenir des matchs, les demandes de mise à disposition des équipements ont été à plusieurs reprises refusées par les municipalités. Une situation qui n’a guère plu au nouveau président.

“ Je crois qu’il y a une conjugaison de facteurs s’agissant de l’athlétisme, entre la pénurie des infrastructures et la gestion de la période COVID ainsi que l’actuel mouvement social qui conduit à une situation extrême difficile pour l’athlétisme. Nous n’obtenons pas l’autorisation d’organiser les compétitions au moment où nous le souhaitons pour les catégories d’âge car il n’y a qu’une piste sérieuse à Baie-Mahault avec, ensuite la piste de Basse-Terre et celle de Sainte-Anne.”

Il y a bien la piste du Moule, mais elle n’est pas encore homologuée pour des raisons administratives, et la piste de Pointe-à-Pitre manque d’équipements annexes. Les options sont restreintes et les écoles d’athlétisme, qui, elles, ont encore le droit de fonctionner, doivent jongler avec les obstacles pour organiser leurs compétitions.

Pas de jalousie

Pour le Président, il ne s’agit pas d’un caprice mais d’une question de survie de la discipline.

“Nous ne prenons pas l’exemple du football par jalousie, mais pour montrer un dysfonctionnement réel. Je vais être plus précis. Il y a quelques week-end, le football a réservé quatre stades (Abymes / Lamentin / Sainte-Anne / Baie-Mahault) quand nous en demandons un seul, nous sommes refoulés par les services en charge dans les municipalités. Il y a ici des arrangements qui se font en notre défaveur, c’est clair.”

Le fameux deux poids, deux mesures. Et il est d’autant plus mal vécu que l’athlétisme voit les licences adultes lui couler entre les doigts comme de l’eau. 

“Nous ne pouvons miser que sur les jeunes, nos rendez-vous seniors et masters sont complètement à l’arrêt. Et quand nous demandons à la préfecture d’organiser un cross en plein air sur le golf des Abymes, c’est encore non.”

Pour l’heure, les solutions pour retenir les adultes sur les disciplines telles que le cross, ou le hors-pistes sont nulles. Et rien ne dis qu’après plus d’un an d’arrêt, elle pourra retrouver le volume de licences, et donc de recette, pré-covid.

“Il y a un vrai danger. À plusieurs niveaux. Financier évidemment, mais surtout social, car le sport occupait des jeunes défavorisés, leur donnait quelques perspectives d’avenir, sans ça, c’est la délinquance qui leur tend les bras. Il ne faut pas l’oublier.” 

À défaut d’une amélioration des conditions sanitaires, la ligue espère que les livraisons des pistes de Gosier, de Trois-Rivières et l’homologation de la piste du Moule lui offre un peu plus de marges de manœuvre.