Des états généraux du Cyclisme guadeloupéen ont eu lieu ce 5 juin 2021 par visio-conférence. Ils réunissaient de nombreux acteurs de la discipline en Gadeloupe et dans l'Hexagone. Cette "mise à jour à coeur ouvert" a permis à des acteurs tels que Grégaury Baugé, Boris Carène, Philippe Palmiste, Thierry Bédard, ou encore Yohann Gene de dresser le tableau des axes de travail pour le développement du cyclisme en Guadeloupe.
Anciens sportifs de haut niveau, encadrants, responsables de club, les acteurs du cyclisme Guadeloupéen se sont réunis pour mettre à plat les problèmes actuels des différentes disciplines du cyclisme (route, piste, VTT, BMX), bien que le débat ait surtout tourné autour du haut niveau. L'objectif pour le Comité était de créer le débat afin qu'il en sorte des pistes concrètes pour booster le développement de la discipline. Or, le problème qui a d'abord émergé, c'est la difficulté des jeunes Guadeloupéens à s'intégrer dans les clubs Français.
"La difficulté que j'ai eue avec des jeunes de chez nous, c'est le manque d'autonomie. Le travail que je peux faire avec les jeunes métropolitains, il me faut 2 à 3 jours avec des jeunes Guadeloupéens." Thierry Bédard, Manager de Culture Vélo Look Racing Team U19 à Toulouse et ancien coureur
Ce constat est partagé par l'ancien coureur de haut niveau Yohann Gene, puisqu'il est passé par ce chemin. Formé en Guadeloupe, le coureur a dû faire preuve d'une grande force mentale pour arriver à percer dans le haut niveau. Alors que dans l'archipel il était très encadré, arrivé en France, il a dû rapidement trouver des solutions pour être plus autonome au sein de son club d'adoption.C'est un changement radical que les recrues Guadeloupéennes encaissent plus ou moins rapidement. C'est d'ailleurs, pour eux, l'un des premiers motifs d'abandon dans le haut niveau.
"Il faut absolument que l'on ait des jeunes qui soient fort mentalement. Par exemple avec la crise Covid, dans mon club, des jeunes étrangers ont pété les plombs (sic) et sont partis. Faire passer des tests c'est bien, mais je préconise que des clubs puissent accueillir des jeunes sur une courte période (août-septembre par exemple) afin de pouvoir juger s'ils sont prêts à venir en France." Gilles Blanchot, Vice-Président du Club Cycliste d'Etupes (Doubs)
Du talent mais pas de "haut niveau"
Alors que le cyclisme est certainement l'un des sports les plus populaires de l'archipel, et malgré la présence d'un pôle qui prépare à la détection et au haut niveau, il apparaît, selon les acteurs du séminaire, qu'on ne puisse pas encore parler de haut niveau en Guadeloupe. Un constat posé, entre autres, par Boris Carène et partagé Grégory Baugé. Ce dernier a mis le doigt sur l'encadrement dans l'archipel. Lui-même responsable de l'entraînement au club de Créteil, le champion de cyclisme sur piste insiste sur la qualité de la formation et estime que le Comité ne s'est pas assez appuyé sur les anciens sportifs Guadeloupéens pour faire monter en compétence l'encadrement.
"Je reçois, dans mon club, des coureurs Guadeloupéens. Et je me rends compte que je dois parfaire les fondamentaux. Ce n'est pas normal qu'à leur âge, je doive revenir sur certains points. Le travail doit être fait avant qu'ils arrivent en France." Grégory Baugé, ancien champion du monde de cyclisme du piste
L'argument de Grégory Beaugé a été fortement appuyé par Alain Sorèze, président du CROS Guadeloupe qui a interrogé la pertinence du lieu d'implantation du Pôle cyclisme actuellement au CREPS Antilles-Guyane et non au Vélodrôme de Gourdeliane (siège du CRCIG). Il a par ailleurs insisté sur la nécessité pour les collectivités de passer des conventions avec les anciens champions pour muscler la formation en Guadeloupe.
"Il serait bon d'inscrire les compétitions nationales et internationales dans le calendrier régional afin de pouvoir d'ores et déjà sensibiliser les coureurs à voir plus loin et ne pas avoir des objectifs de kermesse". Alain Sorèze, Président du Comité Régional Olympique de Guadeloupe
Harmoniser le calendrier des courses
Les objectifs recherchés par les clubs ont également été mis sur la table, ainsi que la nécessiter d'aligner ou de mieux coordonner le calendrier des courses en Guadeloupe afin qu'il soit cohérent avec les rendez-vous cochés par les clubs de l'Hexagone.
"Ici, on commence les courses dans les dix derniers kilomètres. Lorsque les jeunes arrivent en France et ils sont dépaysés car le peloton là-bas ne fonctionne pas comme ça. Il faut changer le niveau des courses en Guadeloupe. Il faut un état des lieux au niveau des clubs et poser franchement la question de leurs objectifs car une compétition se fait du kilometre zéro jusqu'à la ligne d'arrivée. Ce n'est pas un objectif de saison de gagner une course." Philippe Vulgaire, Direct sportif de la Team 94 Cycling
Loin de vouloir recréer une ambiance à la "O.K Corral", ces États Géréraux auront été pour le CRCIG, l'occasion de pouvoir visualiser le travail qui reste à réaliser et affiner la politique que la nouvelle équipe aura à charge de mettre en place afin que les ambitions de la discipline dépassent le simple Tour de la Guadeloupe.