Le pass sanitaire est-il viable pour le sport local ?

Crédits photo : Mans Mansville

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Le sport n’est pas épargné par la polémique qui enfle autour de l’établissement du pass sanitaire. Or, depuis le 21 juillet dernier, le Ministère des sports a entériné son obligation pour accéder aux établissements recevant du public couverts et de plein air. Mais son application est-elle réellement possible en Guadeloupe ? Rien n’est moins sûr.

C’est un véritable casse-tête pour les dirigeants des ligues de Guadeloupe. Le pass sanitaire est obligatoire pour accéder aux installations sportives, que ce soit pour un entraînement ou pour un match. L’ensemble du staff doivent ainsi présenter un schéma vaccinal complet, un test PCR de moins de 72 heures ou un test antigénique de moins de 48 heures pour espérer pratiquer leur discipline favorite. En dehors de ce dispositif, aucune précision supplémentaire n’a été communiqué par le Ministère des Sports et les Fédérations ont la charge d’organiser la mise en place de la mesure au niveau de leurs ligues affiliées.

Mais il n’y a pas vraiment d’entrain à attaquer ce problème qui n’a jamais autant divisé la population Française, de l’Hexagone comme des départements d’Outre-mer. À l’image de la ligue Guadeloupéenne de Badminton qui se demande bien comment aborder le problème.

« Nous ne bougeons pas encore car aucune communication n’a été faite au niveau de la Fédération, mais il est clair que l’instauration du pass sanitaire nous préoccupe. Nous allons devoir avertir les clubs et c’est une étape que nous redoutons depuis un an et demi. Inutile de nous préciser qu’une majorité de nos licenciés sont contre. Ça va être une étape très compliquée. » se désole Sylvie Plumain, la présidente de la ligue

Vers une fuite des licenciés

En réalité, ce qui se joue, c’est la continuité de la pratique. Après un an et demi de pandémie, et malgré une reprise permise par la présentation de protocoles sanitaires qui ont empêché la formation de cluster, le pass sanitaire et son rejet massif est synonyme d'une fuite des licenciés. Ce paramètre n’échappe pas à Manuel Méri, le président de la ligue de tennis de table. Mais il déplore aussi une mise en place rendue compliquée par la gestion des installations.

« Nous savons qu’un jour où l’autre, nous allons devoir l’intégrer, mais les quelques démarches que nous avons menées, nous ont montré à quel point ça allait être compliqué. D’autant que les installations sont gérées soit pas des privés, soit par des publics, soit par le rectorat ce qui influe sur les protocoles. Il est à craindre que pour les salles communales, on ne puisse pas échapper au pass sanitaire, mais pour les autres… ça reste à voir. » - Manuel Méri.

Et puis, les premières concertations avec les présidents de clubs ont révélé l’inévitable. Une véritable réticence à appliquer le pass sanitaire, un rejet de la vaccination et de la logistique du test PCR de moins de 72 heures. Et Manuel Méri de soupirer, « Ça va être un challenge ».

Le football y passe

La ligue guadeloupéenne de football (LGF), elle, y voit déjà plus clair. La Fédération Française de Football par son président Noël Le Graët a communiqué le 31 juillet dernier qu’un pass sanitaire serait désormais indispensable pour accéder aux entrainements, aux matchs et aux compétitions, condition sine qua non à la reprise de la saison. Le message est limpide, mais ne fait pas pour autant l’affaire de la ligue qui s’inscrit d’ores et déjà dans une position de consensus et de discussion.

« Nous sommes engagés dans des discussions avec les clubs et la préfecture car nous ne voulons pas imposer le pass sans prendre en compte la réalité. Il y a une vraie résistance à cette mesure et nous devons trouver une solution qui permette à nos 13 000 licenciés de continuer leur pratique. » selon Lucien Galvani, secrétaire général de la ligue

Mais l’homme est réaliste et sait que ce n’est pas une partie de plaisir qui s’annonce. Les réunions qui se sont tenues avec les différents clubs (Basse-Terre, Grande-Terre et Marie-Galante) ont donné le ton. La majorité des joueurs est contre la vaccination et ne souhaite pas passer de tests PCR tous les trois jours. Dans ces conditions, envisager la tenues du déroulement normal de la saison devient extrêmement compliqué. Seule solution possible, le lobbying auprès des parlementaires, de la fédération, des élus locaux pour tenter – peut-être – des dérogations, mais qui restent difficilement concevables avec la situation sanitaire actuelle.

Pour toutes les disciplines, le pass sanitaire prend la forme d’une lutte pour la préservation du sport amateur et semi-professionnel, mais aussi une question de santé publique dans un département dont points faibles en matière de santé sont pourtant bien connus.

« Nous ne pouvons pas baisser les bras ! » s’insurge Lucien Galvani « Pour le football mais aussi pour toutes les disciplines qui permettent à des jeunes de pratiquer une activité sportive en plus de l’école et qui ont besoin de ça pour se construire ou s’évader. »

Un appel qui a bien du mal à être entendu à un moment où le sport ne semble pas être la priorité des autorités publiques.