Christophe Cuartero : “L’avocat du sport crée autour de l’athlète un cercle de confiance”

Crédits Photos OSM

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Atteindre les hautes sphères du sport mondial est l’ambition de tout jeune sportif à qui l’on détecte du talent. Toutefois, le chemin vers le succès est tortueux et l’on a vite fait de s’y perdre. Pour éviter les impasses, de plus en plus de sportifs décident de se faire accompagner d’un avocat spécialisé dans le sport. En Guadeloupe, Maître Christophe Cuartero fait partie de ces éclaireurs avertis qui ouvrent la voie. Il donne trois conseils pour éviter les mauvaises aventures.

 

1. Connaître le chemin dans lequel s'engage le jeune espoir

En général, les parents, même ceux qui suivent de très près la carrière émergente de leur enfant, maîtrisent mal les étapes de la détection. Cette méconnaissance les coupe des réalités que vont devoir affronter les sportifs et placent les interlocuteurs auxquels ils auront affaire en position de force quand il s’agira de discuter de l’avenir de l’athlète.

 Ce n’est pas simple, mais c’est un sujet de base qu’il faut réellement maîtriser. Je prends un exemple plus concret. Dans certaines disciplines l’athlète peut entrer dans une structure qui est une académie. L’académie a un statut et des objectifs bien différents du centre de formation. Or, les parents se montrent soulagés de voir l’enfant partir vers cette voie, qui n’augure aucune évolution concrète en dehors d’une formation renforcée dans sa discipline. Ce sont des subtilités, qui, au moment où il faut faire des choix, sont fondamentales dans le processus de décision.

2. Construire avec l'avocat une zone de sécurité autour de l'athlète

Dès lors qu'un athlète promet une évolution et un développement intéressants, il est la proie de toutes sortes de tentations. On le flatte, on lui fait miroiter des contrats de sponsoring, on lui promet des cadeaux... Quand je dis “on” je parle évidemment d’individus qui se disent agents sportifs alors qu’ils n’ont aucune formation, ni – et c’est bien le pire – aucune connaissance du milieu.

Souvent, ces personnes sont très actives sur les réseaux sociaux. Leur verve leur a donné accès à des sportifs renommés avec lesquels elles s’affichent. Elles maîtrisent leur image et épatent les jeunes athlètes. Leurs conseils ne sont pas forcément bien avisés et se basent essentiellement sur la commission qu'elles réussiront à sortir du contrat qu'elles font signer. C’est un fléau dans notre métier. C’est d’ailleurs pour cela que, depuis quelques années, de nombreuses stars du sport préfèrent s’entourer d’avocats plutôt que d’agents.

Dès qu’un jeune est prometteur, il faudrait lui associer un cabinet d’avocat qui offre un vrai accompagnement juridique. L’avocat relit et débroussaille les contrats sportifs ainsi que les contrats de sponsoring. Mais surtout il crée avec les parents un cercle de confiance grâce auquel l’athlète pourra prendre de l'assurance et faire des choix éclairés et objectifs. Je précise que ce cercle sert aussi aux parents qui peuvent suivre plus sereinement la carrière des jeunes surtout lorsqu’ils sont obligés de partir en France, au Canada ou encore aux Etats-Unis.

La carrière du sportif peut être cruelle. Une mauvaise lecture de contrat peut mettre fin à une évolution prometteuse.

3. Ne rien signer sans consultation et validation

C’est un problème récurrent et qui peut coûter extrêmement cher, surtout quand l’athlète vit déjà de ses performances. Il rencontrera toujours des connaissances, avec des projets, des besoins d’investissement qui lui présenteront des contrats qui pourront paraître rémunérateurs mais qui au final s’avéreront catastrophiques. Il faut toujours relire avec attention les contrats, et c’est pour cela que nous sommes là. J’ai conscience que les parents, surtout quand le jeune démarre, sont très frileux quant au coût des consultations, ils sont déjà très sollicités financièrement, mais une seule consultation peut vraiment protéger le jeune ou l’athlète.

 Même les plus grands prennent le temps de faire réviser tous leurs contrats (sportifs, personnels et sponsoring) par leurs avocats. C’est impératif. C’est un coût, mais qui permet de s’épargner de gros ennuis et des investissements malheureux consentis sur la simple base de la confiance. Un accompagnement juridique sérieux et avisé c’est la base d’une carrière professionnelle sereine.

 Le législateur a lui-même prévu cette évolution en autorisant aux avocats de pouvoir prétendre au statut d’avocat mandataire sportif. C’est d’ailleurs dans ce cadre que j’interviens. Enfin, le coût pour les jeunes sportifs est à relativiser car dès lors qu’un sportif signe un tel mandat avec mon cabinet, je m’engage à ne solliciter aucun honoraires tant qu’il est mineur.