L’adage « Guadeloupe terre de champions » ne précise pas que l’archipel est une terre d’haltérophilie. Preuve en est, les 3 titres de champion de France obtenu par la délégation guadeloupéenne le 24 octobre 2021 à Istres (Bouches-du-Rhône). Maud Chiaulon, Lilou Aymes et Hévy Nuiro ont montré que la Guadeloupe a un gros réservoir de talents.
Le titre de champion de France le plus inattendu a été celui de Maud Chiaulon. La licenciée du club d’Haltérophilie de Pointe-à-Pitre vient d’être maman et n’avait pas participé à des compétitions depuis presque deux ans. Profitant de l’absence de Dora Tchakounté (4e aux derniers J.O), Maud Chiaulon avait pourtant le champ libre pour aller chercher le titre.
Une grosse bagarre
Très vite, l’attention de ce championnat de France chez les -59kg femmes s’est portée sur Maud Chiaulon et l’Alsacienne Mélanie Bonnament. Les deux femmes sont très proches à la sortie des séances d’araché avec 76kg pour la Guadeloupéenne et 73kg pour l’Alsacienne.
« Lors de mon deuxième essai à l’arraché, j’ai fait passer la barre derrière. Alors que c’est une barre que je passe facilement d’habitude. Ça m’a mis un petit coup derrière la tête ». Maud Chiaulon
Puis le duel s’est intensifié à l’épaulé-jeté. La Pointoise réussi à lever 90 kg au premier essai, mais l’Alsacienne soulève 93 kg et reprend les 3kg qui lui manquaient à l’arraché. Le score est alors de 166 de chaque côté. Chiaulon soulève alors 94kg au deuxième essai, mais il est annulé par le jury pour une faute de main. Bonnament joue alors la victoire sur un essai à 94kg mais ne le passe pas. Puis la Pointoise passe 95 kg au troisième essai et scelle sa victoire de la plus belle des manières avec un score de 171.
« Je ne pensais pas participer au championnat, car je n’ai pas encore retrouvé mon niveau. Je sors d’une grossesse et je ne pensais pas pouvoir les faire. Mais finalement, j’ai eu le niveau suffisant et c’était déjà une victoire pour moi. Maintenant, mon objectif est de passer le score de 200, afin d’avoir le minima pour les Jeux Olympiques ». Maud Chiaulon
Aymes et Nuiro continuent de confirmer leur potentiel
Les deux autres champions de France de leur catégorie sont Lilou Aymes en U15 et Hévy Nuiro en U17. Pour le coup, ces titres ont été beaucoup plus faciles à obtenir, car ils étaient les seuls de leur catégorie. La jeune haltérophile de 15 ans n’a pas fait le déplacement dans le sud de la France pour rien, puisqu’elle a amélioré 7 records de France U15 et 5 en U17. La jeune fille a obtenu le score de 147 (66 à l’arraché et 81 à l’épaulé-jeté). Hévy Nuiro a quant à lui effectué une très bonne performance en étant surclassé en -96kg alors qu’il est -89kg. Il a obtenu le score de 230 (105 à l’arraché et 125 à l’épaulé-jeté).
« C’est vraiment de très belle performance puisque l’on a repris les jeunes une semaine avant la compétition. Ça été compliqué de suivre leurs entraînements et on les a récupéré un peu en méforme » confie Jean Claude Collinot, l'entraîneur de la délégation guadeloupéenne
À gauche Lilou Aymes et à droite Hévy Nuiro. Crédit Photos : HCPP 971 Haltérophilie Club de Pointe-à-Pitre.
Les deux autres participantes guadeloupéennes ont eu des fortunes diverses. La crossfiteuse Julie Servais participait pour la première fois au France et s’est fait un lumbago la veille de la compétition. Ses performances ont donc été en deçà de ce qu’elle pouvait espérer. La Belge Alissa Ezzedine, licenciée aussi au club de Pointe-à-Pitre, n’a pas décroché le titre de championne de France, mais a tout de même établi un nouveau record de Guadeloupe chez les U20 avec un score de 150 (67 à l’arraché et 83 à l’épaulé-jeté). Son objectif d’améliorer ses performances est tout de même atteint. Un objectif qui pourrait lui permettre de décrocher une sélection au championnat du Monde juniors avec la Belgique.
Le cas Noémy Nuiro
Elle est Guadeloupéenne, mais n’est pas licenciée dans l’archipel, Noémy Nuiro est à l’INSEP et a participé au championnat sous les couleurs du club de Langres (Jura). Elle termine 13 sur 21 des séniors femmes avec un score de 88 (88 à l’arraché et 0 à l’épaulé-jeté). Noémy Nuiro n’a pas réussi à passer un seul essai à l’épaulé-jeté. Une contre-performance qui vient confirmer sa méforme et sème le doute sur son avenir à l’INSEP.