Haltétophilie : La Guadeloupe entre euphorie et amertume

Crédits Photos : HCPP

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Depuis deux ans, la ligue régionale guadeloupéenne d’haltérophilie et musculation enchaîne les excellents crus d’athlètes. Cette saison encore, elle est en mesure d’envoyer sept espoirs aux prochains championnats de France élite dans le Lot au mois de juin 2022. Mais, compte tenu des performances qu’elle aligne, elle pourrait faire plus… beaucoup plus.

Pour une discipline encore confidentielle dans le département, l’haltérophilie démontre des performances qui pourraient la classer en tête des disciplines les plus « bankables » de l'archipel. À chaque compétition, les records de France tombent et, malgré la crise et les entraînements perturbés, elle est en mesure de dégager des espoirs dans quasiment toutes ses catégories. Pour preuve, les excellents résultats de la Coupe de France des Clubs par équipe, du mois de mars dernier, pour lequel deux équipes dominent déjà les différents groupes.

En individuel, pour les prochains championnats de France Élite, sept espoirs ont passé avec succès les phases qualificatives, parmi lesquels l’excellente Maud Chiaulon, Hévy Nuiro, et le jeune Piolet qui évolue en France bien qu’il soit encore licencié en Guadeloupe.

 « Nous préparons nos athlètes sans relâche, en dépit des limites de cette discipline en Guadeloupe. Nous avons la chance de bénéficier des installations du CREPS, ce qui nous permet de maintenir des cadences d’entraînement. Très clairement Hévy et Maud sont de très gros espoirs d’autant plus que Hévy a déjà été repéré par la fédération et pourrait intégrer des pôles de préparation là-bas. Nous avons aussi Lilou Aymes, qui malgré une blessure à la main, est parvenue à réaliser ses minimas et à se qualifier. » explique Jean-Claude Collinot CTN en charge du développement de la discipline depuis près de 15 ans.

Pour rappel, le jeune Hévy Nuiro est qualifié dans deux catégories de poids dont les 96kg avec un potentiel de près de 140kg à l’épaulé-jeté. Des marques qui lui ont ouvert les portes d’un stage destiné aux U18, censé démarrer dès la semaine prochaine sur les terres Toulousaines. En France, ces jeunes athlètes iront chercher toute l’adversité qui leur manque encore sur le plan régional.

Des choix douloureux

Ces excellents résultats ont toutefois un goût amer. Ils ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Car, en réalité, l’haltérophilie Guadeloupéenne pourrait concourir sur beaucoup plus de compétitions nationales et y engager beaucoup plus d’espoirs (que leurs minimas qualifient déjà), malheureusement, les finances de la ligue ne lui permettent pas d’accompagner un tel volume d’athlètes.

« Si nous devions présenter tous nos champions aux différents rendez-vous fédéraux, il faudrait compter un budget minimum de 30 000 euros. Or, en l’état actuel des choses, c’est un montant sur lequel la ligue ne peut s’engager. Nous avons donc du faire des choix et se focaliser sur les catégories, qui, à notre avis, ont le plus de chances de se faire repérer ou de faire de bons résultats en France » explique, dépité, Jean-Claude Collinot.

Une forme d’injustice que le technicien supporte assez mal d’autant que parmi les sacrifiés, on retrouve Aschkénaz Pineau chez les Masters (120kg à l’épaulé jeté / 92kg à l’arrachée) qui ne peut pas aller défendre ses chances. 

« Je comprends les choix de la ligue, mais c’est vrai que pour moi, il y a beaucoup de déception. J’aurais pu tenter de financer moi-même le déplacement, mais tout cela est tombé dans un timing très serré sur le plan personnel. Je reviens tout juste d’une formation en France, du coup je n’ai plus les fonds à engager sur un nouveau billet, ni même le temps de trouver un sponsor pour m’accompagner sur ce déplacement. »  explique le champion

Pour que des cas comme celui-ci ne se représentent pas, des pourparlers seraient en cours pour jouer le jeu des affiliations. En cas de réussite, cela pourrait permettre de lever des fonds plus conséquents.