Armel Le Cléac'h : "Notre ambition est clairement de gagner cette Route du Rhum"

Crédits : OSM

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Rencontres avec les scolaires et les acteurs de la navigation et de la pêche, initiation au windsurf, tournée de présentation du Maxi Banque Populaire XI, Armel Le Cléac’h et La Banque Populaire ont commencé leur promotion spéciale Route du Rhum – Destination Guadeloupe. D’autant plus que les ambitions, cette année sont grandes. Rencontre.

Offensive Sport Mag’ : Vous êtes arrivés en Guadeloupe pour un premier essai de la traversée sur cet incroyable ultime, avec tout de même un petit équipage à bord, c’était un exercice nécessaire ?

Armel Le Cléac’h : Pour nous, il était important de faire cette reconnaissance du parcours. Nous sommes partis de Lorient pour arriver ici, à Pointe-à-Pitre donc sur un tracé presque similaire à celui de la Route du Rhum. C’est vrai que les conditions météo sont un peu différentes à cette saison, mais nous avons quand même eu des Alizés soutenues et des petits passages piégeux. Ça nous a permis de retrouver les sensations que l’on peut avoir sur une Route du Rhum et voir le comportement de ce bateau qui est récent puisqu’il a été mis à l’eau l’an dernier seulement.

OSM : Dans ce cadre-là, avez-vous l’œil sur ce qui se passe ailleurs chez la concurrence, notamment à la cité de la Voile à Lorient, où vous êtes déjà entré dans votre bulle ? On vous pose la question car on sait qu’il y a une petite rivalité en ce moment avec François Gabare.

A.L.C : Non, ça se passe bien avec les autres skippers d’Ultime. C’est vrai que les choses sont un peu compliquées avec François, mais c’est en train de s’arranger. Pour le reste, nous regardons tous ce qui se passe ailleurs. Les bateaux ont été remis à l’eau il y a, pour certains, seulement quelques semaines, et nous avons pu voir ce que chacun a porté comme évolution cet hiver pendant les chantiers techniques. Après la Guadeloupe, nous allons retrouver les camarades au mois de juin, nous avons une course début juillet en équipage qui part de Concarneau pour un grand tour vers Madère et les Açores. De fait, nous allons être les uns à côté des autres et ça nous permettra d’avoir un vrai état des lieux des forces en présence, avec une mesure de Banque Populaire face à ses concurrents. Cependant, l’ambition principale pour nous reste une victoire sur la Route du Rhum donc on travaille activement pour cela.

OSM : Il y a quatre ans, la Route du Rhum s’est jouée en côte sous le vent, avez-vous prévu d’y naviguer avant votre départ pour prendre quelques marques ?

A.L.C : Nous devions effectivement faire le tour en arrivant, mais nous avions du retard sur notre timing, ce qui fait que nous avons fait route directement vers la Marina de Pointe-à-Pitre. Cependant, nous sommes allés observer un peu le coin, avec des drônes, nous avons fait des photos, discuté avec des Guadeloupéens et pris quelques repères. C’était important car nous savons que la course peut se jouer là, surtout avec des ultimes et ça a été le cas il y a 4 ans. Nous allons préparer notre feuille de route au cas où on se retrouve avec une bagarre à l’arrivée. On sait que la Guadeloupe, ce n’est pas aussi simple, avec ce relief très élevé en Basse-Terre qui crée des conditions de vent particulière, mais aussi ces grains avec des Alizés que l’on pense soutenus mais qui restent souvent imprévisibles.

OSM : On voit sur le bateau que la taille des foils à quasiment doublé. Quel impact ça a sur la navigation ?

A.L.C : Contrairement à ce qu’on pourrait croire ces foils permettent la stabilité et un travail pour poussé que la profondeur de leur enfoncement dans l’eau. En fonction de l’état de la mer, ça permet de jouer avec la stabilité de vol. Nous sommes très satisfaits parce qu’il y a quatre ans, on ne savait pas encore fabriquer cette taille de pièce, nous n’avions pas l’outillage et depuis les choses ont évoluer et nous avons pu en bénéficier.

OSM : Cette stabilité rend t-elle la navigation moins palpitante, ou au contraire permet de se concentrer sur d’autres facteurs ?

A.L.C : Les bateaux sont clairement moins volages, et c’est une bonne chose. Ces machines vont vite et avec les multicoques le risque de chavirage est réel. L’objectif est donc de progresser sur la sécurité. Cela dit, quand on navigue à 30, 35, 40 nœuds, ça reste des bateaux très funs et très grisants si, évidemment, les conditions de mer le permettent. Typiquement, les deux ou trois premiers jours de la Route du Rhum, sont, en général assez difficiles avec des vents contraires et une mer formée et ça nous oblige à naviguer sur un mode plus classique. Nous avons aussi l’ambition de faire le tour du monde l’année prochaine, avec ce trimaran, qui a été conçu pour ça et là pour le coup on part pour 45 jours de mer dans des conditions très variées. Donc tout cela reste quand même exaltant.

OSM : Quelles modifications ont été faites pour adapter ce trimaran à la navigation en solitaire et en équipe ?

A.L.C : C’est spécifiquement la partie cockpit qui a été très travaillée avec une zone à la fois compacte mais un espace de travail large où 6 personnes peuvent manœuvrer à leur aise. Mais c’est aussi adapté à une personne car tous les éléments de réglage des voiles sont proches. C’est une vraie polyvalance. Ensuite, la zone de vie est dédiée à la navigation en solitaire (repos, repas, calcul, veille) et plus loin il y a une zone pour les équipages. Dans mon cas, quand je navigue en solitaire je n’entre quasiment jamais dans le bateau car ce n’est pas forcément nécessaire. D’ailleurs, sur la transat retour, on va commencer à manœuvrer en équipage, à six, jusqu’aux Açores, puis, une fois l’équipage parti en zodiaque, je terminerai seul pour faire ma qualification pour la Route du Rhum et rien n’aura forcément changé dans le bateau.