Julien Chipotel : "L'impact positif des Jeux pour la Guadeloupe est incontestable"

Crédits Photo : OSM

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J-13 pour le lancement des premiers Jeux de la Caraïbe de l'Histoire en Guadeloupe. Se précipiteront sur le territoire, 29 nations, 800 athlètes avec leur encadrement pour se mesurer autour de sept sports différents. C'est la première fois qu'une île Française est aux commandes d'une si grosse machine sportive. Et alors que tout jouait contre la tenue de ces Jeux, une bande d'irréductibles est sur le point de réaliser ce pari fou. Entretien avec Julien Chipotel, directeur de ces Caribbean Games. 

OSM : Nous sommes dans les tous derniers jours avant le début de ces Jeux de la Caraïbe, les 1ers de l’Histoire. Comment travaillent vos équipes ?

Julien Chipotel : On travaille énormément comme vous vous en doutez. Cela fait quelques semaines déjà que nous n’avons plus d’horaires, que les équipes sont sur le pont dès le matin et ce jusqu’au soir. En ce moment, l’enjeu pour nous est de finaliser le programme des volontaires en leur attribuant des missions claires. C’est d’autant plus important que dans 10 jours, les chefs de délégations arrivent en amont des athlètes.

Cela implique que vendredi prochain, toute notre organisation doit être nickel que ce soit à l’aéroport, dans les transports ou à l’hébergement. Evidemment, comme dans toute organisation, nous faisons face à des imprévus, nous aimerions notamment avoir les plans de vol complets de toutes les délégations, mais il faut s’adapter et c’est ce que nous faisons tous les jours.

OSM : Où en est-on dans l’organisation avec le public ? Si l’on veut assister à ces jeux, a-t-on déjà la possibilité de connaître le programme ?

J.C. : Oui, c’est désormais possible car nous avons lancé la billeterie des Jeux sur la plateforme AllMoll bien connue du public local. On y trouve les billets pour assister à tous les événements et aussi aux cérémonies d’ouverture et de clôture. D’ailleurs, nous avons 1000 billets gratuits pour les 1000 premiers. Ils pourront assister à ces deux cérémonies gratuitement. Sur le plan sportif, il suffit de se rendre sur notre site internet, nous y avons entré le planning des compétitions et nous l’actualisons régulièrement avec désormais des données solides, notamment pour les sports collectifs.

OSM : Ces Jeux de la Caraïbe reviennent de loin. Comment avez-vous fait pour garder confiance alors que les marqueurs de l’épidémie de Covid, compliquaient les choses de mois en mois ?

J.C. : Il ne serait pas honnête de nier que nous avons subi un temps de latence en 2020, puis 2021. Mais nous ne sommes pas les seuls, personne n’avait de visibilité sur les mois suivants. On pensait avoir affaire à une épidémie de deux mois et, en fait, ça a duré deux ans.

De notre côté, au CROSGUA, nous avons analysé les choses, et nous n’avons jamais arrêté de bosser. D’abord parce que la phase de préfiguration sportive pouvait se faire à distance avec des visio-conférences. Nous avons donc bouclé le travail autour des compétitions avec les délégués fédéraux sans trop de souci.

En revanche, la recherche de financement (public et privé) a été fortement impactée. Les partenaires étaient beaucoup plus frileux et ne voulaient pas s’engager sur un événement qui pouvait, au final, être annulé. En 2021, le secteur du tourisme était aussi en repli, donc clairement, les conditions n'étaient pas réunies pour que les Jeux se tiennent, d’où notre décision de report. En 2022, nous voyons qu’il y a un peu moins d’incertitude, l’activité reprend, le projet a donc toute sa place.

OSM : Vous avez été rapidement esseulés dans la préparation de ces Jeux. Ils n’ont pas trouvé l’écho auprès des collectivités majeures, dont la Région. Aujourd’hui, alors qu’ils vont quand même se faire, il y a-t-il l’envie de montrer que vous avez eu raison d’y croire ?

J.C. : En ma qualité de directeur des Jeux, je ne suis absolument pas dans un esprit de revanche. On ne va pas se mentir, le retrait de la Région a eu un impact sur notre organisation, notamment sur le plan financier. Pour autant, ces Jeux ne sont pas un événement franco-Français, ils appartiennent à des institutions comme la CANOC. Ils interessent d’autres acteurs comme Panamsport et CentroCaribe et c’est là que nous avons pu nous retourner et trouver un soutien qui a pu compenser le retrait de la Région.

En réalité, j’ai en tête avant tout l’intérêt général. Quand on parle du projet, il ravit tout le monde, les athlètes, comme l’encadrement technique, tout le monde voit que c’est une bonne idée. Il faut savoir que tous les sportifs Guadeloupéens n’ont pas la possibilité d’affronter leurs voisins de la Caraïbe. L’athlétisme et la natation y sont plus habitués, grâce notamment aux Carifta, mais pour les autres sports, c’est beaucoup moins courant.

Ensuite, on se focalise sur la Région, mais c’est oublier les autres collectivités, qui, elles, nous soutiennent sans faille comme Cap Excellence , le Département, ou la CARL que ce soit dans la logistique que sur le plan sportif. Il ne faut pas se focaliser sur le négatif, mais sur tous les points positifs qui entourent ce bel événement.

OSM : Le fait de réussir là où personne n’avait réussi auparavant avec l’organisation de ces Jeux, la Guadeloupe va-t-elle gagner en poids et en influence dans son bassin caribéen ?

J.C. : J’en suis persuadé. L’impact sera extrêmement positif pour nous en matière de politique sportive. Les nations de la Caraïbe vont nous voir autrement, car même si tout n’est pas parfait, nous aurons réussi à mener ce projet à bien. D’autre part, c’est une expérience positive pour nous en matière d’organisation d’événements sportifs majeurs.

Nous verrons ce qui a été, ce qui n’a pas été afin d’upgrader notre organisation pour les prochaines fois. D’autre part, dans le cadre de la préparation, nous avons pu recevoir plusieurs instances du sport caribéen qui ont vu nos infrastructures et qui se rendent compte que si tout n’est pas parfait, nous faisons peut-être partie des pays de la Région les mieux équipés. Ca été le cas avec le Netball par exemple, qui entend bien compter sur nous pour organiser des compétitions et des événements, parce que nous disposons des équipements nécessaires.

D’autre part, lors des Jeux, le président des Jeux Panaméricains sera présent. Il va aussi pouvoir constater de quoi nous sommes capables et envisager notre intégration, nous Guadeloupe, mais aussi Martinique, dans les Jeux Panaméricains, qui sont un événement sportif majeur dans toutes les Amériques. Nous avons fait un pari que nous sommes en train de réussir et, en bout de course, nous avons tout à y gagner.