L'Etat se pose au chevet du sport Guadeloupéen

Crédits : OSM

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L’ensemble de la sphère sportive Guadeloupéenne était conviée par la DRAJES, ce lundi 12 septembre 2022, en soirée à l’espace régional du Raizet. Sous l'implusion de l’État, un diagnostic territorial du sport a été commandé au cabinet Unite Caribbean. Il devrait dresser un état des lieux précis du sport local post Covid et mettre en évidence les priorités d’investissement.

 L’ambiance est studieuse en ce lundi soir à l’espace régional du Raizet. Devant une bonne partie des directeurs de ligues et comités, des élus et des responsables de la sphère sportive dans sa globalité, les membres du cabinet Unite Caribbean présentent non seulement les grands points de l’étude à venir mais aussi la méthodologie qui sera celle de ses enquêteurs. Et, malgré une volonté affichée d’interaction, le silence règne.

 Pourtant, sur le papier, ou du moins la slide Powerpoint, le projet est intéressant. Tout d’abord le process. Le diagnostic a été commandé par la Conférence Régionale du Sport. Pour ceux qui avaient manqué cet épisode, la création de cet organisme a été entérinée par la loi du 1er août 2019. Il vient en complément de l’agence nationale du sport. Composé des services de l’Etat, des acteurs sportifs, des représentants de collectivités, son rôle est de fédérer tous les acteurs susceptibles d’être impliqués dans la mise en oeuvre d’une politique sportive sur un territoire. Il a aussi pour mission de mieux flécher les financements et les investissements dans le secteur. 

 Dans le cas de la Guadeloupe, la commande de ce diagnostic devrait permettre de mettre à plat toutes les informations disponibles sur ce secteur et en proposer une vision globale. Voilà pour les espérances.

 Concertation et indépendance

 Pour mener à bien sa mission, le cabinet Unite Caribbean (qui a insisté sur son ancrage local) a identifié 5 axes de travail. Le sport licencié et non licencié (sport loisir/ scolaire / nature / fédéral / haut niveau), la formation des bénévoles et des professionnels, les déplacements sportifs, l’inclusion et la réduction des inégalités.

 Selon le planning présenté au monde sportif, la récolte des données devrait se faire en deux temps. D’abord en défrichant l’existant, c’est-à-dire l’ensemble des notes, études, et travaux déjà publié par les acteurs privés et publics du sport, ensuite viendra le travail de terrain confié, en consulting à une jeune agence locale. En gros, son équipe devrait prendre rendez-vous avec différentes ligues et comités recueillir leurs doléances et constats et les faire remonter à Unite Caribbean. Une fois l’ensemble des données traitées et analysées, une première mouture de l’étude sera présentée à la conférence régionale.

 « Nous insistons sur l’aspect participatif de ce disgnostic. C’est en réalité une vaste concertation et nous avons conscience que la finalité c’est bel et bien un meilleur développement du sport Guadeloupéen. C’est un thème qui nous tient à coeur, voilà pourquoi il ne s’agissait pas de recopier ce qui peut se faire dans l’Hexagone, mais bien créer une étude en cohérence avec le cas de la Guadeloupe. » a martelé Damien Bauchau, co-fondateur du cabinet de conseil

 Il s’agissait aussi de s’assurer des moyens pour ce cabinet de garder son indépendance au cours d’une étude qui ne va pas être de tout repos et qui risque d’être confortée aux batailles de clocher entre les disciplines ou encore au vélites politiques diverses. Là encore, le cabinet veut rassurer.

 « Nous sommes un cabinet indépendant, ça nous pouvons vous l’assurer. Vouloir travailler en concertation ne signifie pas que nous seront vulnérables aux pressions, quelles que soient leur origines. Si, lors de la présentation de la 1ère mouture du diagnostic il y a des choses à retirer ou à ajouter, cela se fera en concertation totale avec les membres de la conférence.

 La mouture finale du diagnostic sera aussi utile à la conférence des financeurs du sport ainsi qu’à la création d’une politique sportive pour le prochain exercice de l’exécutif régional ou départemental.

 Le monde sportif prudent

 Le moins que l’on puisse dire, c’est que la nouvelle n’a pas fait bondir de son siège les dirigeants sportifs. Malgré une volonté évidente des membres du cabinet d’engager le dialogue, ils sont restés un peu taciturnes. Il faut dire que les attentes sont nombreuses, et le calendrier de rendu de l’étude leur a tout de suite semblé un peu court, eu égard à l’ampleur de la tâche. « Vous êtes très attendus sur ce terrain » a prévenu Jean Dartron, président de la ligue de football, relayé ensuite par plusieurs présidents.  En effet, le prévisionnel de rendu présenté par le cabinet fait état d’un rendu du diagnostic au plus tard en début d’année prochaine. Ce qui laisserait à peine 2 mois aux ambassadeurs sur le terrain pour rencontrer l’ensemble des ligues et des acteurs du sport. 

« Nous craignons que vous n’ayez pas le temps de faire le tour des problématiques qui sont les nôtres avec un délai si réduit… » argumente un président de comité.

Alain Sorèze, le président du CrosGua, avec la gouaille qu’on lui connaît alerte sur l’absence de la dimension universitaire du sport.

« C’est une honte pour la Guadeloupe d’avoir un campus qui présente des infrastructures aussi dégradées » 

« Je suis inquiet de ne pas voir figurer la question du financement des déplacements de responsables sportifs dans la Caraïbe. Hier, je devais être à Saint-Domingue, mais c’était impossible car aucune ligne budgétaire n’était dédiée à cela. La visio ne suffit pas. » ajoute Fred Nomed, président de la ligue de Judo.

Félix Dinane, lui, est positif même s’il reste prudent.

« Oui il faut renouveler le parc d’infrastructure de la Guadeloupe, il faut aussi plus d’espace pour que les sports puissent s’exprimer, mais je les attend au tournant sur la déclaration de M. Elisabeth en charge des sports à la région, afin que nous soyons réunis pour dresser un véritable état des lieux. » 

Les ambassadeurs auront fort à faire et devront s’armer de patience. En dépit des quelques performances ces dernières années, le mode sportif Guadeloupéen est asphyxié par un manque cruel de financements et encore très dépendant des deniers de l’exécutif régional. Or, ce modèle, avec la crise Covid, a rapidement montré ses limites. Reste à voir si le diagnostic et les conclusions de la conférence des financeurs du sport seront en mesure de ramener de l’air dans un secteur au bord du burn out.