Pour Sepho, le Rhum est bouclé, mais le Vendée-Globe reste incertain

Crédits Photo : Intrusive Pictures

Route du Rhum
Typography
  • Smaller Small Medium Big Bigger
  • Default Helvetica Segoe Georgia Times

Rodolphe Sepho, le skipper Guadelopéen embarqué sur l'Imoca Rêve de Large, a franchi la ligne d'arrivée à Pointe-à-Pitre ce 28 novembre 2022, après un peu plus de 18 jours de mer. C'était sa première Route du Rhum en Imoca, et alors qu'en 2018 on avait vu un Rodolphe plus motivé que jamais à l'arrivée, cette fois, le navigateur est plus tempéré, voire réaliste à l'issue de sa navigation.

Le skipper rêve toujours de large, mais son "large" est désormais empreint de raison. Pour autant, dans des conditions compliquées, Rodolphe Sepho réussit à franchir la ligne d'arrivée à Pointe-à-Pitre, même s'il occupe l'avant-dernière place chez les Imoca. Avec une escale technique de quelques heures et un foil en moins, le Guadeloupéen avait perdu ses chances de faire un classement au moins en milieu de tableau, mais l'essentiel est fait. Il a touché le ponton du Memorial ACTe et a ramené le bateau à bon port presque intact. 

10 kilos en moins

Cette première navigation en Imoca aura été riche d'enseignements pour le skipper. Avec une qualification express et peu d'heures de navigation sur son Imoca "Rêve de Large", Rodolphe Sepho savait que l'affaire ne sera pas simple, et ces 20 jours de mer n'ont fait que le confirmer.

"Nous sommes sur un plus gros bateau, qui va plus vite, l'engagement physique est énorme, preuve en est, j'ai perdu 10 kilos sur la traversée. On ne peut pas se laisser dépasser, on porte plus de 700m2 de toile sur le bateau."

Et puis avec un foil en moins et un bateau déséquilibré, il a fallu user d'astuces pour se maintenir en course.

" Structurellement, le bateau n'avait rien qui pouvait conduire à l'abandon. On a fait avec, il était certes moins, il a fallu matosser pour compenser ce handicap."

Malgré tout, les performances de l'Imoca, de première génération, ont été fortement impactées par cet incident, et malgré un routage plutôt malin, il n'a jamais réussi à remonter un flotte menée par des embarcations parfois fraîchement sorties du chantier naval.

Plus loin, mais plus tard

Enfin, si Rodolphe Sepho a eu le mérite de voir grand et de tenir ses engagements sur quatre ans, le bilan personnel et financier de l'opération n'est pas si bon. Il arrive avec un budget non bouclé et des partenaires qui n'ont pas toujours été à la hauteur de leurs promesses. S'il veut rester en Imoca, ce qui était le plan initial, il va falloir continuer à naviguer souvent, ce qui entraîne de fortes dépenses... En réalité, le skipper, se rend compte que ses ambitions ne peuvent désormais plus se passer d'une machine financière et technologique à l'image de se qui se fait dans l'Haxagone autour de skippers professionnels. Dans ces conditions, la deadline de 2024 pour le Vendée-Globe n'est pas tenable.

"Il est clair que j'aimerais partir sur un Vendée-Globe, mais j'ai aussi tiré des leçons de ces dernières années et de cette navigation. Nous voulions partir sur 2024, mais c'est peut-être un petit peu ambitieux, il nous manque pas mal d'heures de navigation et beaucoup de budget. Déjà sur cette Route du Rhum, il nous manque du budget, mais sur un Vendée-Globe, ce n'est pas envisageable. Il y a trop de risques pour l'homme et on préfère prendre le temps et faire le bilan." 

Le petit gars de Goyave continue son évolution. S'il veut toujours rêver de large, il faudra le faire désormais dans un environnement professionnel, capable de soutenir ses ambitions sportives, et plus simplement, en amateur. Retour à la réalité.