Willy Bissainte, embarqué sur Tradisyon Gwadloup a franchi la ligne d'arrivée en 4ème position de la catégorie Rhum Mono. C'est sa meilleure performance depuis 2010, date de sa première participation à la Route du Rhum. Il est 4ème des Rhum Mono et boucle la traversée en 20 jours, 20 heures 59 minutes et 10 secondes.
Comme des étoiles qui s'alignent. Willy Bissainte franchit l'arrivée avec, pour l'accueillir, un arc-en-ciel majestueux. À l'approche du bateau, on voit un Willy que l'on avait pas croisé publiquement depuis longtemps. Il est amaigri certes, mais il est souriant, le regard lumineux, mouillé par des larmes de soulagement. En ce mercredi 30 novembre, une tension vieille de quatre ans vient d'être libérée et le skipper en a conscience.
"Je reviens de loin avec ce projet. Vous savez ce qui est arrivé il y a quatre ans. J'ai beaucoup souffert. J'en pleure presque encore, mais l'aboutissement du projet qui est d'être à l'arrivée est là et je me suis réconcilié avec le large."
En prime de cette réconciliation, il réalise une très belle performance en prenant la 4ème place du classement des Rhum Mono et en améliorant encore son temps réalisé il y a huit ans puisqu'il reste sur la barre des 20 jours. Mais ce résultat aura nécessité un combat de tous les instants.
"C'était une Route du Rhum à 70°. Du vent, tout le temps, de la mer, on pouvait à peine sortir la tête de la cabine. Incroyable. Je voulais mettre 18 jours pour venir. C'était possible, si j'avais pu prendre la route des Açores, mais j'ai eu des soucis techniques qui m'ont obligé à prendre une route plus sud, alors que je tenais le match avec Catherine Chabaud et Jean-Pierre Dick."
Ce routage ne lui épargnera pas le passage par une 3ème dépression avant d'attraper enfin le souffle des Alizés
Le miracle de la pompe
Non seulement le rail de sa grand-voile est resté bloqué, mais en plus, quatre jours après le départ, le skipper se rend compte qu'il a un trou dans la coque "d'environ 80cm sur 40" Tout de suite, il met en route sa pompe, en étant bien conscient qu'il ne pourrait plus jamais l'arrêter.
"Je me suis tenu la tête et je me suis demandé, comment cette pompe allait tenir quinze jours, non-stop. Pour moi, il était clair qu'elle allait cramer. Et pourtant non, elle a tenu, de manière incroyable."
Libéré par une pompe qui tient, Willy essaie de revenir au match, mais Catherine Chabaud ne lui laisse aucune chance.
"Il y a quatre ans, après mon accident, c'était le mari de Catherine le skipper du Cigare Rouge, et j'allais vraiment plus vite que lui. Donc je me suis dit que je pouvais y aller. Mais non, elle a tenu. J'ai été impressionné par sa vitesse."
Et puis, il y a ce Wilfired Clerton qui après une route très Nord, dans la machine à laver, choisi de redescendre et de chiper à Willy la 3ème place. Mais l'essentiel est fait. Tradisyon Gwadloup et son skipper sont, cette fois, allés au bout de leur challenge, et ce faisant, vivent la plus belle des rédemptions.